jeudi 17 mai 2012

Shanghai Stencils

Two days in Shanghai … Meetings, meetings, meetings … And a short break to rush to the Moganshan Road district where, I have been told, street art is to be found ! A huge urban area dotted with dilapidated workshops and abandoned warehouses, the place indeed offers enough walls to keep all the local and visiting street artists buzy for a while … And among the graffiti stencils, the major contribution seems to be from Siu, aka The Orange Blowfish … So I have asked him a couple of questions :



Hello Siu, why and how did you get into stencils ?

I got into stencils because I had done screen printing before, during my school days, and found it translated well to street art. You can be quick on the street - the obvious answer - but take hours of preparation … Which is something people tend to forget ! Most important, I find stencils are an easier access art to the public at large. I think that street art should be accessible to everyone and not just to the writers who understand how to read wildstyle graffs. It should make people think but also provide humor and brighten up people’s lives. Shanghai in particular can be very stressful, with over 20 million people trying to "make it" and I want my art to give them some relief from the day to day grind. I get a real buzz when an old lady walks past and tells me she likes my work !



What are your ongoing projects ?

My main project is actually part of a series I am doing called "squatters rights". As I said before, I think graffs should not only be accessible to the public but they should be also relevant to the surroundings of the city where they are displayed. China is changing every second of every minute of every hour of every day. It is the fastest country to go through an industrial revolution and with this I find that the culture is changing and being lost just as fast. I wanted the squatters to represent the chinese culture of the past and how this basic right to squat is being lost as it is considered uncivilized by western cultures to squat on the street. If you try it, you will find it is actually one of the most comfortable positions for the body to be in. Make sure that you rest your weight back and have both heels down, otherwise it will cause cramps in your legs ! As for the yin and yang squatters in particular, they are my take on the traditional chinese door gods. These were used in olden Chinese times to ward off evil spirits from entering your house. I did these to squatters as good luck charms. One represents male and one is female. I will leave it to you to figure out which one is which !


How is the stencil scene in China ? 

I know of two or three other stencil artists in Shanghai who are semi-active around town. Street art in China is still new but with more business being done with the West comes the exploration of western cultures and arts. Street art is becoming more popular but still there is only a small group of writers and even fewer stencilers. My dream is to see the city covered with beautiful street art which would represent this amazing city and brighten up people’s lives !

Siu left the corporate world two years ago to develop his artistic platform, which comprises graffiti stencils, sculptures and other amazing and equally talented activities. More information is available at www.theorangeblowfish.com ! Also, if you happen to be in the Moganshan – Changhua area one of these days, you may get a chance to see artworks from other stencilists, including Brand Fury and Beijing-based Aniu.

Interview and pictures are copyrighted by Serge-Louis for Brigadier Plipp. Thanks to Siu for agreeing to be interviewed. My gratitude also goes to Baptiste Fallevoz for pointing me in the right direction.

dimanche 5 février 2012

Marseille - Bruxelles en pochoir

Certains pochoiristes pochent à hauteur des yeux, d’autres pochoiristes pochent à hauteur des … poches. C’est le cas pour Alias Ipin qui oeuvra naguère sur la façade d’une belle maison-galerie de la rue Lebeau. Position basse au ras d'une rue qui serpente vers le tout aussi bas de Bruxelles. Comme l’artiste avait effrontément signé son dessin, nous l’avons facilement retrouvé grâce aux épatants moyens électroniques modernes. Trois questions, donc, à Alias Ipin :

Pourquoi le pochoir ?

Ma maman étant animatrice en arts plastiques, elle m'a trainé dans tous les ateliers qu'elle animait depuis que je suis tout petit. J'ai découvert le pochoir dans ces animations là mais c'est tellement loin que je ne saurais plus dire quand. Ensuite, j'ai commencé à peindre sur les murs en 1999 en tentant de faire des lettrages. Comme j'étais mauvais - ou "pas assez hip-hop" - j'ai cherché d'autres trucs à mettre dans mes lettres pour les valoriser. C'est comme ça que j'ai fait, je crois, mon premier pochoir mural … Maintenant que j'ai un peu plus de bouteille et d'expérience, j'utilise pas mal de techniques : pochoir, collage, extincteur, sérigraphie, canon à peinture et même du contre-plaqué collé sur un mur. Je suis toujours adepte du pochoir quand c'est nécessaire - c'est très pratique ! - mais pas en "puriste" si je puis dire. Je jongle entre les techniques en fonction des contraintes et des rendus que je souhaite obtenir. Mais c'est vrai que depuis quelques années, je les réutilise pas mal, notamment grâce à la sérigraphie. J'ai redécouvert qu'on peut vraiment faire plein de trucs avec une bombe, un bout de carton et un cutter !

Pourquoi à Bruxelles ?

Et bien, pour la petite anecdote, ce pochoir, je l’ai fait à Bruxelles le soir du 31 décembre 2010 avec ma femme et mon fils de 1 an à l'époque. Je me cachais derrière la poussette pour pocher dans la rue remplie de gens. Un super trip ! Je ne suis pas repassé à Bruxelles depuis mais j'adore cette ville, une Marseille du Nord avec votre esprit belge que j'adore. En "lisant" les murs, j'ai eu le sentiment d'une ville ouverte et assez libertaire.

Et puis ailleurs ?

Après dix ans à Marseille, j'y travaille encore très souvent mais j'habite maintenant dans une petite ville à côté de Toulon. J'ai toujours habité en province et les villes comme Paris ou Londres sont trop grandes pour moi, trop dur de s’y créer des repères. J'aime m'y perdre mais je reste toujours perdu. Je pense qu'il y a des talents partout et je suis souvent navré de constater le monopole culturel de ces grands centres. Si tu n'y es pas, tu n'existes pas … Dans le street art comme dans le reste. Grâce à internet, j'ai le sentiment que ça a quand même un peu changé. J'imagine que le geste d'une personne qui n'a pas trop d'influence sera plus pur … Mais il reste à savoir s'il passera à l'acte ? En même temps, la stimulation que l'on peut avoir en voyant ses semblables sur les murs, tire vers le haut. Si je ne trompe pas, Banksy n'a pas commencé à pocher à Londres, non ? Par contre, c'est là-bas que ses toiles sont vendues aux enchères !

L’artiste Alias Ipin, dont l’œuvre polytechnique contient beaucoup d’oiseaux et un peu de marteaux, reviendra peut-être à Bruxelles – en tout cas nous l’y invitons chaleureusement (c’est ça l’hospitalité des gens du Nord) ! En attendant, vous pouvez visiter son site à aliasipin.com et son blog à aliasipin.blogspot.com ! Et nous on va continuer à se balader dans Bruxelles les yeux pas dans les poches …

Copyright : Interview et photographie par Serge Louis pour le Brigadier Plipp.

dimanche 27 novembre 2011

Mon art, ma toile, mon mur !

Certains y vont, certains n’y vont pas … Y vais-je ? Y vais-je pas … Tous les artistes de la rue se posent un jour la question de la galerie. La décision du dehors au dedans n’est pas sans risque, pas sans critique, pas sans commentaire. Cochez la raison : je file en toile parce que (1) il fait bien chaud dans la galerie, (2) l’éphémère l’est moins, (3) ça rapporte plus de thune que d’amende ou (4) fuck you, I am sprayous ? On vous laisse voter … Moi, finalement, je ne sais jamais très bien. J’ambivalence et j’ambiguite. J’aime aussi. Dans leur livre « Paris : De la rue à la galerie », Nicolas Chenus et Samantha Longhi, eux, ne discutaillent pas … Ils détaillent et retaillent sans errance d’âme le fait comme accompli. Belle succession de fiches et d’illustrations de trente artistes ayant fait le mur de la rude rue pour pénétrer dans l’antre de la douillette exposition. L’ouvrage lui-même a la proportion de la translationalité de l’acte rapporté : page ample, couleur superbe, information rigoureuse, prix coûteux … Car même s’il lui arrive de marcher en rue, le parcoureur de galerie a en effet plus l’attente de la belle matière que le déambulateur de ville qui s’accomode de peu … Le beau livre se doit donc d’être comme le prestigieux catalogue. Il s’adapte avec l’artiste qui s’adapte aussi. Le piéton, lui, suit.

Nous avons posé quelques questions à la co-plume du livre, Samantha Longhi. On balaie large et, attention, on balaie intello :


Certains artistes urbains passent de la rue à la galerie mais pas tous ... Va-t-on vers un clivage entre ceux qui "s'exposent" et ceux qui restent clandestins et furtifs ?

Nous n'envisageons pas les choses dans cette perspective. Il s'agit de trouver une définition satisfaisante à ce courant qui est tout sauf nouveau mais qui évolue très vite. Pour éviter les étiquettes et les définitions à tiroirs, nous préférons parler d'art urbain contemporain. Cela fait sens plus facilement. Il s'agit d'artistes qui ont une pratique d'atelier et qui ont une démarche artistique à la fois dans la rue et en galerie, qui conçoivent des oeuvres à destination d'un large public, gratuitement, et également à destination d'un public plus exigent de collectionneurs et amateurs d'art en proposant une lecture différente à travers des expositions. Artist or not artist, that is the question !

Un évènement douloureux et récent - le décès de DJ Medhi, aussi compagnon de la graffeuse-peintre Fafi - nous rappelle que l'art urbain vit sous différentes formes qui s'entrecroisent ... Cependant la façon dont on parle de ces formes artistiques reste très segmentée, pourquoi ?

C'est vrai que les gens ont peur de l'interdisciplinarité en général, à moins qu'ils préfèrent parler de ce qu'ils maîtrisent vraiment. C'est notre cas, en fait chez Graffiti Art, nous n'avons pas la culture musicale - ni Fashion dans d'autres cas - suffisante pour nous permettre de faire de tels recoupements. Le décès brusque de DJ Medhi a beaucoup affecté notre équipe de rédaction, mais nous laissons les personnes compétentes lui rendre le véritable hommage qu'il mérite.

Si l'art urbain continue à prendre de la valeur marchande, faut-il s'attendre à une multiplication des faux et des usurpations … Comment opérer un système de protection ou d'identification des oeuvres pour des artistes qui gardent encore souvent l'anonymat ?

C'est une question délicate, c'est vrai. J'ai tendance à croire, peut-être de façon naïve, qu'une forme de respect s'est instaurée dès le départ entre les différents artistes de rue, et quelle que soit leur technique. Souvent, j'ai entendu dans la bouche de certains des fantasmes de production de faux dans la rue afin de démystifier une technique pratiquée par d'autres artistes et perçue comme étant trop simple. Mais à part certains détournements, le plus souvent drôles, je n'ai jamais vu fleurir de faux sous mes yeux. Nemo a intenté un procès à la fin des années 90 quand des faux pochoirs imitant jusqu'à sa signature ont été posés dans les rues de Bogota par une entreprise suite au succès qu'il avait eu après son invitation par le maire de la capitale colombienne en 1996. C'est un cas qui reste toutefois isolé. La vague d'intérêt envers cette discipline est réelle pour le grand public, mais elle procède d'un véritable travail de la part d'acteurs professionnels comme les galeries, les maisons de ventes aux enchères, les musées, les collectivités … L'art urbain ne prend pas de la valeur en soi, on le vérifie dans le détail dans les résultats des ventes aux enchères. Seulement certains artistes sortiront du lot et résisteront au passage du temps. Le passage du temps, c'est bien ce contre quoi on écrit, on laisse sa trace, sur le papier ou dans la rue. Alors, même si ces artistes anonymes souhaitent le rester, il est très important au titre sociologique d'en conserver la trace, par la photo, la vidéo, ou le texte. Identifier, cartographier, analyser restent primordial. La mémoire de l’art urbain - qu'il se situe dans la rue ou en galerie - doit être préservée, car il s'agit là de la plus belle des libertés !


De fait, de fait … Si la liberté de l’art en rue doit être préservée, la liberté de préserver l’art en rue existe aussi ! Moi, j’avoue, du moment que ce n’est pas comme la vie sauvage qu’on « protége » avec une certaine bienveillance néo-paternalistique dans des réserves, des zoos et des collections de clones congelés … C’est bon. Et finalement, entre un graffiti sur un poster sur un mur extérieur et un graffiti sur une toile sur un mur intérieur, ce n’est peut-être que l’acte qui fait la différence. Remercions vigoureusement Nicolas Chenus et Samantha Longhi pour leur classieux et jalonnesque livre nouvellement paru chez l’éditeur Pyramyd.

Ha, oui, et j’oublais : La dame floue qui marche sur la couverture arrière du livre, au vu de ses pittoresques chaussettes, je vous ficherait bien mon billet que c’est Sam … Qu'en pensez-vous !? Les paris sont ouverts ...


Photographies et interview : Copyright Serge-Louis pour Brigadier Plipp.

dimanche 13 novembre 2011

Urban hominid with the right angle ...

Le piéton marche les yeux rivés sur le trottoir, obsédé par la crotte. Le déambulateur marche les yeux collés au mur, obsédé par le graffiti. Qui se soucie alors de scruter l’angle formé par le trottoir et le mur ? Sillon favori des mégots froids, feuilles mortes et herbes folles, l’angle se révèle pourtant être un merveilleux champs visuel et libre pour l’artiste qui sait l’exploiter de sa créativité graphique. Lumière rasante ou absente, rencontre brutale des enduits et des pavés, griffes du balayeur méticuleux … Terrain propice à la rébellion discrète, voire à la provocation confidentielle, l’angle est l’endroit qu’a choisi le poly-artiste Pablo Delgado pour exprimer son flow urbain. Ses œuvres jonctionnaires se composent de deux parties : un ou des personnage(s) collé(s) sur le mur et une ou des ombre(s) peinte(s) sur le trottoir … Les personnages sont d’une découpe détaillée et colorée, les ombres d’un tracé approximatif et noir … Patience du travail de préparation en studio clashant avec l’urgence de l’exécution en rue … L’effet contrasté est toujours surprenant, saisissant, intriguant … bref, réussi. Pablo a accepté de répondre à nos trois questions :

Hi Pablo ! Your work combines collages on walls - a removable act on a private space - and paintings on pavements - a permanent act on a public space ... Law enforcement authorities must have a hard time determining your degree of offense ! Is this on purpose ?

It is a nice way to think about it ! It turns the paste-up into a more complex concept … But that is not the purpose … I don't think of the wall as private and the sidewalk as public. Both for me are public and illegal ! I don’t ask permission to do it on these walls, but I don't consider what I do as an offense either. And how would I know if the owner considers it in a different way ? That is part of my choosing to do it at night. Just by doing it like that tells you that maybe I am scared to get caught … The joy of doing something that you are not suppose to do brings you back to your childhood.


I have been told that some pieces identified as your artwork are actually not painted by you … For exemple the little Queen of England. Is imitation the sincerest form of flattery ?

Yes, there are paste-ups of already existing characters that were photographed for a different purpose, like public images reinterpreted in a public space ... The little Queens are not mine at all ! When I first saw them, I was angry and disappointed with how someone could have the balls to copy my artwork … Then, just like you say, I started to see it as flattery, or even as an honor for me to inspire someone else to do it. Although I don’t see the point, really … Maybe he is just making fun of it ?

The subjects and objects represented in your collages are sometimes rather simple and sometimes the results of more elaborate montages ... How do you decide what you are going to cut and paste ? Is there a specific message within each collage ?

All the scenes are being developed as a story. The doors came first, then different kinds of red characters, and now the blue ones are appearing and starting to live among the red ones. It could be that all of them came out of the doors … Some of the characters are just individuals whereas others are playing together as in a scene. So these assemblages can be either complex or very simple. They are just like things are in real life ! Now, I need to add that all of them have to remain somewhat uncertain for the viewers. Most of them have an specific meaning for me but, because they are not obvious, they can be interpreted in many different ways.


Well … Thank you, dear Pablo for leaving your artwork open to multiple interpretations … And also for gratifying the streets of London with these little funny pieces ! Actually, what may be even funnier is the way people now walk in the Shoreditch district … Bending all the way forward, nose to the ground on their all fours, to get a chance to glimpse at your collages … A nice - but somewhat regressive - impact on hominid street behavior ! Graffiti hunting, like any evolutionary trait or thought, is always about catching the right angle.

Pablo Delgado est né à Mexico City en 1978 et vit à présent à Londres. Son site web est à www.pablodelgadomc.com !

Interview et photographies sont copyright Serge-Louis pour Brigadier Plipp. Les photographies ont été prises au ras du trottoir sur Fashion Street et Grimsby Street. I do know who did the fake Queen collage but I won’t tell nobody …

lundi 31 octobre 2011

Tchiz Kate, une Tchik Fille !

Même si la préférence du chroniqueur ici présent va aux petits pochoirs monochromes (à chacun son combat urbain), celui-ci - le chroniqueur - n’en reste pas moins curieux de toutes les variations stencilées. Devoir impérieux de chroniculture sans bornes ni oeillères devant les lecteurs et amateurs qui lui font confiance éventuelle, voire délégation intellectuelle. Ainsi en va-t-il alors des collages et des coloriages … C’est avec beaucoup de - obligeamment - curiosité que le chroniqueur s’est arrêté naguère devant les pochoirs collés et coloriés de Tchiz Kate lors d’une expédition sur les pavés du quartier des Marolles. Ils étaient beaux, les paste-ups de Tchiz Kate. L’interview était inévitable.

Bonjour Tchiz Kate ! Peux-tu nous parler de ton parcours artistique ?


J'ai commencer à peindre il y dix ans, avec un groupe de potes en Alsace. On avait fondé le POB crew. On cherchait nos bombes dans les magasins de bricolage et on partait les week-ends le long des voies ferrées ou dans les anciennes mines de potasse désaffectées. C'était juste pour le fun, l’effervescence collective, un délire plein d'adrénaline ! Puis j'ai découvert plus largement le street art, notamment au coté de mon ami GodDog … Et là, je ne sais pas pourquoi, j'ai été plus particulièrement sensible aux pochoirs … Ceux de Miss.tic, Jef Aérosol, Bleck le Rat … J'ai voulu essayer moi aussi et du coup j'ai fait pas mal de tests à partir de portraits de potes en accentuant les contrastes. En arrivant à Lille il y a 7 ans , j'ai découvert des pochoirs de Jef Aérosol, Mimi le Clown et Dude Company ... J'ai mis un temps fou à comprendre la technique de superposition de couleurs, à oser me lancer dans la rue. Et puis un soir, Tchiz Kate est née ! J’avais montré une nouvelle série de pochoirs à une amie qui était restée très sceptique face à ce nouveau style rétro. Il a donc fallu ouvrir une bouteille de rouge, et quelques verres plus tard, elle était séduite. Depuis elle fait partie de celles qui m'accompagnent lors de mes virées picturales. J'ai adopté le nom de Tchiz Kate pour sa résonance kitch et l'allusion à la cuisine, mon unique atelier.


Pourquoi des pochoirs vintage et pourquoi des pochoirs vintage collés ?

Le côté rétro est sans doute influencé par les nombreuses images aperçues chez ma grand-mère qui faisait du théâtre à l’époque. Elle prend d’ailleurs toujours un réel plaisir à me montrer ses photos pleines d'histoires et riches de souvenirs ... J'aime également les vieilles cartes postales en noir et blanc sur lesquelles les lèvres et les vêtements ont été recolorés ... Du coup mon univers s'est orienté vintage tant par le traitement des couleurs utilisées que par la présence de motifs des années 60-70. Par ailleurs, j'attache une grande importance au sujet féminin, à l'esthétique d'une coupe de cheveux, à la poésie d'un regard mélancolique ... Parfois je fais le choix de coller des affiches pour le côté rapido-pratique de la technique et pour laisser opérer le temps par son charme éphémère ...


Que penses-tu de Bruxelles dans sa dimension d'art urbain / graffiti / pochoirs ?

Bien qu'habitant à côté, je ne connais que peu Bruxelles ... Il me reste donc plein de choses à y découvrir ! Mais je pense que c'est une ville pleine d'énergie qui abrite la trace du passage de nombreux artistes d'horizons divers. Lors de mes brèves virées à Bruxelles, j'ai pu croiser les affiches colorées d'Oli-B par exemple … J’ai également remarqué la présence récurrente d'un crayon dans différentes postures ... Comme une invitation peut-être à continuer à s'exprimer ... Pour ma part, j’espère revenir bientôt sur Bruxelles !

Et bien … Tu y seras toujours la bienvenue, c’est quand tu veux ! Merci aussi d’avoir relevé les œuvres d’Oli-B (interviewé sur ce blog en septembre 2010) et de l’Homme aux Crayons aka Mr. Jones (également interviewé sur ce blog en mars 2011). L’art urbain bruxellois est effectivement riche de multiples talents graphiques. Alors, à cette déjà belle kyrielle d’expositions murales, nous sommes très heureux de pouvoir accueillir les collages vintage d’une artiste de l’au-delà (de la frontière d'avec la France) ! A très bientôt pour ton retour à Bruxelles, capitale mondiale de l’Europe.

Interview et photographies : Copyright de Serge-Louis pour Brigadier Plipp.

lundi 17 octobre 2011

Nana is really Real !

Being (or pretending to be) a urban chronicler is rather easy. If you are into graffiti, for instance, you basically make observations, ask questions, take pictures and collect answers … You then wrap up the whole thing into a readable format and blogpost once in a while. Yep … Easy ! But this seemingly routine job is not without surprises … Sometimes you come across interviewees who display so much intensity and passion in their action (should we call it “mission” ?) that the only thing you can say or write is : Woaw ! This happened to me three weeks ago when I was in Seoul, South Korea. There I spent half a day hunting for graffiti stencils up and down the streets of the Hong-Ik University district. I also managed to get in touch with their most famous local graffiti stencil artist : Nana. Below are edited excerpts from our exciting discussions :

Hi, Nana ! Could you please tell us about street art in Seoul ?

Well, the graffiti scene in Seoul doesn’t have much maturity at the moment. It is still the beginning ! I would say that there are about fifty people doing street art in the whole country right now. Most of the street artists don’t have a proper knowledge of the process of bombing and artwork ... Most of them started with tags and throw-ups or stickers only four or five years ago. Some artists sometimes do their works just to make an issue or to become famous ... Plus, the connectivity is severely limited. Street art is still quite isolated from other cultures that also belong to the street. In particular, stencils are in their most primitive stage ... I can say there are no expert stencil artists in Korea ! And compared with tags, throw-ups and stickers, respect for stencils is hard to find ! For me, graffiti is not just about coolness … Some artists get arrested or loose their live doing their work !

What about your own stencil work ?

My first stencil was made according to a very simple design, just the letters “nanaisreal” ... After that, I started to do the character bombs and went into bigger size stencils, paste-up posters, stickers and so on. I do my artwork in many places in the city and in order to get them in the best spots, I do lots of crazy things such as climbing up bridges … I have no background in art but I have always desired to be a painter, even before I met the friend who taught me how to make stencils. I am always trying to input messages in my artwork. For instance, the message “don’t abandon us” was made for abandoned animals and the series “where is” was made to recognize the bear which is wandering around the city because of his ruined forest. Big size stencils representing hearts are made for the lives in the street. But, even though I have tried various works, the main symbol remains “nanaisreal” … This is about myself, I always want to speak my thoughts naturally through my artwork.

How do you see your own future and the future of street art in Seoul ?

I travel … Almost a year ago, I went to Osaka and Tokyo. In these places, I have made numbers of stencil posters. I really love the whole street movement but in my opinion, street artists should have a better knowledge of what they are doing … They have to develop better processes for bombing ! Like I said, the street art scene is not about fame or worthless issues. We have to serioulsy consider the importance and relevance of our scene in Seoul !

Well, Nana … Thank you very much for sharing these very emotional insights with us ! We hope you will continue stenciling in the streets of Seoul and other places … And perhaps one day in Brussels ! We are certainly looking forward to it … You are really real !

Copyright and interview : Serge-Louis for Brigadier Plipp. Thanks to Francis Van Maele (Redfox Press) for connecting me with Nana.

samedi 24 septembre 2011

L'Espagnol Poche Danois

On peut considérer qu’il y a deux types de stencilistes de part le monde : (1) ceux qui se baladent avec des gabarits et des bombes et puis (2) ceux qui se trimballent avec des affiches et de la colle. Les autorités qui nous aiment et nous protègent vous diront que les deux catégories de zozos sont des nuisances mais que les seconds occasionnent moins de dégâts aux façades et que c’est une bonne nouvelle. Nous, et bien nous dirons que les affiches tendent effectivement à se décoller plus facilement mais que ce n’est pas une bonne nouvelle car les œuvres pochoiresques ainsi exposées sont encore plus éphémères que celles peintes directement sur les murs … Quoi qu’il en soit, en vélocipédant pendant les beaux mois d’été de merde que nous avons eus, nous sommes tombés sur les pochoirs d’Atipical Danish dans la rue des Chartreux. Nous lui avons demandé par messagerie électronique de nous parler un peu de lui et de son travail. C’est parti :


Hi, Atipical Danish ! Would you please tell us a bit about yourself and your background ?

I am from Spain, from the Canary Islands. My training is as director of photography and I have three years of practice in the art department of Zentropa Productions, the company created by Lars von Trier in Copenhagen. I have always dreamed of going to Denmark because I love the films from there … Then I decided to go into graffiti because I have always been kind of a rebel … I like provoking and the street is just the best place for that ! I am always teasing everyone, I like to have fun all the time … I have always liked graffiti although, actually, I started graffiti stencils quite late myself, at the age of 21. Banksy was obviously a revelation for me. As for my name, it came first as a joke with my friends in Spain so when I moved to Denmark, I didn’t really feel danish … The name was perfect for me ! As everyone around there knows, I am everything but danish !



Sounds great ! Would you now explain why you prefer paste-up stencils over sprayed-on-wall stencils ?

Well, I prefer paste-up stencils because it is fast and easy to move around with them, especially when you are travelling abroad or even walking around in your own city. Now I walk with folded papers in my bag, a brush and a bottle of glue. Easy to go ! And also, if something goes wrong in the process of putting them up, I just have to take the paper down and leave … This happened to me before … Without going to court for it !


Good point ! So, what about Brussels ?

I went to Brussels to visit one of my best friends who just moved there. I was amazed by all the street art you have in Brussels … I didn’t expect it at all ! It even seemed as if there were more things on the walls than in Amsterdam ! I think Brussels is going really up for graffiti art right now and I am planning to come back soon, better prepared ! In the meantime, I plan to spend a few months back in the Canary Islands to enjoy the sun and to paint all over the place … Over there, if you paint something they like, they even give you permission for it !


Merci, cher Atipical Danish pour ces informations ! Nous, on se dit ici qu’il faut être un peu zinzin pour un Espagnol d’aller vivre au Danemark mais, bon, on n’est pas là pour juger non plus (n’empêche …) Et puis comme Bruxelles se trouve juste pile-poil sur le chemin entre les deux, nous aurons certainement l’occasion de revoir notre artiste et ses affiches stencilées dans nos rues . Et ça, c’est une excellente nouvelle ! Alors, à très bientôt, Atipicos Danés !

Copyright : Photographies et interview par Serge-Louis pour Brigadier PLIPP.