samedi 25 octobre 2008

Le fric, c'est chic ...

Avec un revenu fiscal moyen d’environ 15.000 euros par habitant, la commune bruxelloise d’Uccle ne crie pas vraiment misère. Quoi de plus approprié, dès lors, que d’y trouver des pochoirs doucement anti-riches. Un de ceux-ci s’affiche actuellement sur une cabine de la drève de Lorraine, chaussée bien connue pour les quelques énormes propriétés qui la jalonnent. « Ici, le verbe avoir a remplacé le verbe être » … Une façon subtile de rappeler que chez les riches, l’acquisition et la possession priment sur l’émotion et la relation. Et dans un marché mondial du luxe chiffré à 212 milliards d’euros en 2007 (dont 65 milliards pour l’Europe), les riches ne sont pas prêts d’arrêter de se définir d’abord par le prix de leur bagnole (bateau, avion) et de leur baraque (à la mer, à la montagne, sur mars). Chez les bourgeoises (épouses ou maitresses), avoir les seins refaits, le nez refait, les pommettes refaites, les lèvres refaites est dorénavant bien plus valorisant que d’être jolie … Ainsi pour se fixer les idées, en 2007, le marché de la chirurgie esthétique représentait 620 millions d’euros pour la seule Angleterre. Que dire alors de l’art contemporain - summum absolu de l’avoir absurdiste - lorsque l’on voit Damien Hirst en septembre dernier vendre pour 120 millions d’euros de ses œuvres en deux jours ? Prix d’un veau plongé dans un aquarium de formaldéhyde : 13 millions d’euros ! Mais la crise économique, me direz-vous, pourrait-elle contribuer à ré-humaniser nos âmes étourdies par le brillant des bagouzes et le satiné des étoffes ? Oui, peut-être … Les spécialistes admettent en tout cas que le taux de croissance annuel du marché du luxe pourrait bientôt fléchir vers les 2% - venant de 6,5% en 2007 (oh, mon dieu, Georges-Albert, quelle horreur ! Qu’allons-nous devenir ?). Voilà qui laisserait un peu d’argent sur la table, et de temps libre de tout shopping, pour redécouvrir quelques valeurs fondamentales. Comme le partage et la solidarité, par exemple … Dans l’attente que nos riches passent du revenu au rêve nu, prêtons un œil attentif aux messages stencilés de nos courageux robins-des-bois urbains.

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