dimanche 29 mars 2009

Le comics et le movie

Ce que nous retenons de The Watchmen (le movie), c’est que le Dr. Manhattan est bien membré. Ce que nous retenons de The Watchmen (le comics), c’est que le membre bleu-fluo-irisé en question n’a pas vraiment comblé les attentes de la première compagne du bon docteur nucléarisé, Miss Janey Slater . Ce qui fait dire à Bernie, le brave marchand de journaux, qu’il s’en doutait bien que le Dr. Manhattan était « queer as a three-dollar bill » (le comics version US). En l’absence d’information plus précise sur l’élasticité vaginale de Miss Slater, il n’y a pas grand’chose à en dire ... Si ce n’est que - et c'est une remarque générale - nous devrions être plus attentifs et empathifs face aux difficultés sexuelles que rencontrent trop souvent nos super-héros (quelqu’un a-t-il vraiment envie d’être « autour » du zizi de Superman quand celui-ci éjacule ?). Si ce n’est aussi que des baffes risquent de se perdre chez Panini Comics, leur traducteur nous ayant fait le coup du « pédé comme un phoque » (le comics version FR). L’expression correcte est bien entendu « pédé comme un foc », le FOC, la voile du voilier, celle qui se prend la brise par derrière quand le rafiot vire (de bord), pas le mignon mammifère qui se ramasse des coups de batte dans la gueule chaque fois qu’une petite chérie de luxe émet le désir d’une nouvelle pelisse. Les phoques (straights et gays unis) en ont plein le cul ( !) de cette confusion nautique … Les fox-terriers (straights et gays unis) aussi d’ailleurs, car certains malveillants les confondent également avec le triangle toileux. Passons. Maintenant que c’est dit, pourquoi ne pas finir ce billet par une note amusante ?

Plus visible dans The Watchmen (le comics) que dans The Watchmen (le movie), on voit que les rues émeutées de la ville de nos héros costumés sont égaillées d’inspirés bombeurs qui non seulement y dessinent des hyperboliques « Who Watches the Watchmen » tout partout, mais aussi des pochoirs de silhouettes humaines enlacées qui nous rappellent notre … notre … ouiiii, Monzon ! A titre d’illustration, voici d’ailleurs (là en haut) une photographie tirée de la collection de l’historien José Lodewick montrant un des couples amoureux (et autobiographiques) de Monzon. A comparer avec une des oeuvres romantiques du street crew de Derf (image, ici en bas, liftée du bouquin hyper-copyrighté mais c’est pour une étude scientifique, donc on peut). Alors, ze question, maintenant, Dave Gibbons a-t-il plagié Monzon ?

dimanche 22 mars 2009

Restez groupir !

Les pochoirs s’affichent en solitaire ou en groupe. Leur clustérisation murale peut être due au fait que plusieurs pochoiristes se soient commis en une virée collective ou que ceux-ci se soient succédés en un même lieu par hasard, hommage ou sympathie. Bel effet amplificateur de la proclamation du droit d’expression (et du droit de résurrection de lieux urbains en difficulté létale) lorsque plusieurs artistes joignent leurs talents artistiques en un composite complice, quelle qu'en soit la raison. Le déambulateur aventureux et chanceux peut trouver de nombreux clusters de pochoirs dans notre bonne ville de Bruxelles. On pointera ainsi, et pour l’exemple, des endroits aussi épars que le quai du Chantier près du canal, la rue Gray proche de Flagey et la rue Saint-Ghislain dans les Marolles. Mais la grappe pocheuse est encore plus attrayante à cueillir quand les motifs qui la composent - au lieu de simplement se côtoyer - semblent interagir entre eux … A ce critère, le cluster le plus « tof » du moment est un très récent assemblage (illustré ci-contre) visible sur un mur de la rue du Chien Marin, un calme et charmant passage piétonnier donnant sur la place de l’ancien port de mer de Bruxelles. Là, le David Lynch de Dude Company semble contempler le Pigeon au Boulet de Spencer qui semble observer la Betty Page de vgt qui semble raidie d’un sentiment d’effroi à la vue d’un laid petit machin noir et blanc qui … Mais qu’est-ce que c’est que ce truc … Vois pas bien, il faudrait zoomer et … Flûte, plus de place sur la carte mémoire de l’appareil photographique … Faudra revenir voir une autre fois !

dimanche 1 mars 2009

Oblitération muricide

Le Gray Ghost, vous connaissez ? Oui … Non ? Mouais … Bon, je résume : Au doux et radieux pays d’oncle Obama sévissent des hurluberlus excités qu’on appelle « activistes anti-graffiti ». L'hurluberlu le plus excité parmi ces hurluberlus excités est sans conteste le Gray Ghost, aka Fred Radtke. Sa noble (et néanmoins fallacieuse) mission sur terre est de pourfendre les pirates des murs. Parce que, voyez-vous, braves et bonnes gens, si nous laissons se commettre un acte de street art aujourd’hui, c’est la promesse d’un trafic de came demain et l’assurance d’un meurtre le jour d’après ! Alors, armé de son rouleau et de son pot de peinture grise (forcément) et fort de sa légitimité auto-octroyée, le vigile sillonne et neutralise les rues des villes américaines de son implacable tolérance zéro. Question : Avons-nous des disciples du Gray Ghost à Bruxelles ? Réponse : Le récent recouvrement de plusieurs murs jadis riches en pochoirs dans notre capitale laisse à penser que, oui, nous avons du souci à nous faire. Voyez par exemple la rue de l’Eclipse dont un bout est illustré ci-dessus … Ce charmant passage du quartier Saint-Géry était naguère orné de superbes pochoirs, dont un fier majeur rouge marqué TDC et un gracieux logo du Glitz Club. Figurait aussi le pochoir qui fût le sujet de notre toute première chronique. La vie murale y est à présent éteinte, anéantie, éradiquée, napalmisée, génocidée sur plusieurs mètres carrés … Disparues, les traces vitales et les marques géniales. En lieu et place : le rien tout vide et froid d’alcôves désertes. Femmes, enfants et vieillards peuvent (certes et peut-être) à nouveau se promener en toute sécurité sur ce tronçon de trottoir débarassé de vilaine agression pochiste ... Au prix exorbitant d’un mur propre, net, sinistre, stérile et parfaitement mort. Mais courage, amis et amies ! Malgré notre désarroi et notre doute, l’espoir de la vitalité urbaine, enfoui sous les couches de peinture, demeure heureusement intact … Regardez ... Chez les ricains, le fantomatique Gégé (Gray Ghost de mes deux) s’est fait récemment pincé par les flics pour avoir recouvert un graffiti … commissionné ! Pseudo-justicier et vrai vandale au cachot ... Il y a donc bien un juste ordre des choses outre-atlantique, que nous souhaitons de tout cœur voir appliqué chez nous aussi. Et vite. Pour que cessent enfin et pour toujours les crimes contre la muralité vivante.