lundi 18 octobre 2010

Tiens ... Tian Vient !

A force de passer tous les jours devant, ces atomiums, manneken pis et autres fins joyaux de l’urbanisme bruxellois, on finit par ne plus les voir ... On piétine les trottoirs, on frôle les murs sans plus énoncer l’art qui s’y expose ... On s’en blase, on s’en coriace, on s’en fout. C’est parfois bien, alors, qu’un étranger venu d’ailleurs nous remette le bon pied et le bon oeil. Qu’il vienne au moins nous rappeler la beauté éphémère et glorieuse de nos graffitis ... Sublime cadeau que l’errant ait à nous offrir, celui qui dès lors réclame notre meilleur accueil. Ainsi, quand l’artiste français Tian est de passage (pour nous coller ses affiches de bonne réputation), son avis compte, son opinion accapare, sa position interpelle. Alors, on lui demande :

Tian, que penses-tu de l’art urbain à Bruxelles ?

Bruxelles, c’est une ville que je ne connaissais pas très bien ... J’ai l’impression que c’est une ville qui a un potentiel énorme et qui commence seulement à en prendre vraiment conscience ! Les gens se réveillent ... Oui, il se passe des trucs ... Tu te promènes et là, au coin d’une rue, tu te prends un Roa , tu te prends un Bonom ... Des pièces massives ... Il y a de l’espace pour que cela se passe, il y a de la place pour faire de grandes choses ... Visiblement, il y a beaucoup d’artistes qui viennent se perfectionner à Bruxelles, beaucoup qui tombent amoureux de la ville et décident d’y rester. Ils apportent leur énergie, leur savoir-faire ... Bon, bien sûr, il y a aussi une forte composante autochtone, bruxelloise, mais du coup, ça se mélange, ça se rencontre, c’est ce qui fait toujours avancer les choses. Alors ça ouvre des champs, forcément ... Ca part un peu dans tous les sens et, oui bien sûr, dans cette euphorie-là, il y a aussi un tri à faire !

Quelle place prend la technique du pochoir dans ton travail ?

Ma technique de base, en fait, c’est la sérigraphie ... Mais lors d’un voyage à Londres en 2008, en assistant un peu par hasard à un festival d’art urbain, j’ai vraiment pris une claque quand j’ai vu le niveau graphique auquel on pouvait arriver avec le pochoir ! Jusque là, pour moi, le pochoir, c’était du basique ... Une couleur, deux couleurs, voilà, un mode d’expression très direct, très efficace mais qui ne s’adaptait pas forcément au niveau de sophistication que je voulais atteindre .. Mais, bon, je me suis aperçu que c’était vraiment une fausse idée, que le pochoir pouvait aller beaucoup plus loin dans le nombre de couleurs ... Surtout pour un travail de taille et qu’on a le temps de le faire, comme en atelier. Donc le pochoir est une technique qui s’est ajoutée à mon travail, en fait ... J’ai des pièces où certaines couleurs sont sérigraphiées et d’autres couleurs qui sont faites au pochoir, selon la difficulté des motifs, en fonction des résultats voulus ... Donc, je passe de la sérigraphie au pochoir assez facilement.

Une conclusion sur Bruxelles ?

Pour moi, un artiste sud-américain qui serait désireux de s’établir en Europe, il est plus aisé de venir à Bruxelles qu’à Berlin ou Barcelone ! Il y a plus d’espace ici, son travail aura plus de visibilité parce qu’il ne sera pas noyé dans la masse ... Parce que même s’il y a déjà pas mal d’artistes bruxellois, il y a plein d’opportunités à Bruxelles !

Ho ho ... Quel compliment, Tian, merci ... La capitale mondiale de l’Europe avant Berlin et Barcelone !? Bruxelles plus propice à l’épanouissement créatif des artistes urbains que Paris ou Londres !? Nous, on aime ça ... Et nos édiles aussi, très certainement ! Pour Tian, qui ajoute dans l’enjambée que « peut-être qu’un jour, il y aura un circuit touristique du street art dans Bruxelles », il ne fait pas de doute que l’abondance de chancres et de friches, de grands bâtiments délabrés, de palissades infinies, de fenêtres et portes condamnées ... Que cette abondance, donc, entretenue avec tant d’amour par nos autorités publiques et privées, crée l’espace d’expression idéal pour les artistes urbains ! On s’en réjouit. On ne s’en fout plus. On ne s’en coriace plus. On ne s’en blaZe plus.

Pour découvrir le travail de Tian : www.tian.fr ainsi que son exposition au Plastic.

Copyright : Affiche de Tian collée rue des Ursulines. Photographie et interview par Serge-Louis pour Brigadier PLIPP.

samedi 16 octobre 2010

Spencer quitte Bruxelles !

C’est la stupeur totale et glacée ici dans la capitale mondiale de l’Europe depuis que les moyens modernes de communication répandent la bien navrante nouvelle : Le jeune et talentueux pochoiriste Spencer a en effet décidé de partir vivre à Liège (Lîdje, Tchantchès, 195.000 habitants tous braves et fiers, sa gare Calatrava, son marché de la Batte et - oui - j’adore cette ville). Entre deux caisses de déménagement, l’artiste a accepté de reprendre son souffle et de répondre à nos trois questions :

Quelle est ton activité pochoiriste actuelle ?

Pour l'instant je fais surtout des pochoirs sur vinyls et j'arrive à en vendre quelques-uns. Des vinyls que j'avais déjà faits mais aussi des commandes spécifiques. J'en poche également pour des amis qui vont ouvrir une e-boutique dont le site ouvrira bientôt, début novembre je pense. Sinon, cela fait déjà un bon moment que je n'ai plus rien réalisé à l'extérieur ... Principalement par manque de temps. Lorsque j'habiterai à Liège, je serai plus près de mon lieu de travail et par conséquent j'aurai plus de temps pour m'y remettre !

Ton travail sur Adrienne Shelly continue-t-il ?

(ndlr 1 : Spencer a consacré plusieurs pochoirs, dont celui illustré ci-contre, à la magnifique actrice américaine Adrienne Shell(e)y, mortellement assassinée le 01 novembre 2006 à Manhattan)

Concernant spécifiquement Adrienne Shelly, non, j’avoue que je n’ai plus fait de nouveaux pochoirs pour l'instant ... Mais je re-re-regarde toujours avec autant de plaisir les films d'Hal Hartley dans lesquels elle joue !

(ndlr 2 : C’est le réalisateur Hal Hartley qui a bigrement lancé la carrière cinématographique d’Adrienne Shell(e)y avec deux films, The Unbelievable Truth en 1989 et Trust en 1990)

Ton opinion sur l'activité pochoiriste dans les rues de Bruxelles ?

Difficile à dire ... Je passe beaucoup moins de temps à Bruxelles ces derniers temps, donc ... Mais il m'a semblé qu'il y avait quand même pas mal de nouvelles choses sur les murs. Ca fait vraiment plaisir de voir que ça bouge toujours !

Merci, cher Spencer, pour ces quelques mots, courts et brefs et succints comme c’est à ton habituelle accoutumée ! Nous te souhaitons certainement « bonne chance » dans ta nouvelle cité ... Et puisque celle-ci organisera l’Exposition Internationale en 2017, nous espérons que tes talents pochoiristes seront sollicités pour contribuer à cet évènement culturel d’ampleur majeure ! Une Internationale Pochoiriste à Liège ... Cela sonne déjà plutôt pas mal !

Copyright : Pochoir réalisé en intérieur par Spencer. Photographie et interview par Serge-Louis pour Brigadier PLIPP.